Les acteurs mondiaux de l’énergie se sont réunis ce vendredi 24 janvier à Adidjan (Côte d’ivoire) pour annoncer la Mission 300. C’est une initiative lancée par la Banque africaine de développement (BAD) en collaboration avec la Banque mondiale. Elle vise à raccorder 300 millions d’Africains supplémentaires à l’électricité d’ici 2030.
Cette collaboration s’inscrit dans le cadre du premier sommet des chefs d’État africains sur l’énergie, prévu à Dar es Salam, en Tanzanie, les 27 et 28 janvier. L’objectif est de réduire la fracture énergétique du continent, où 600 millions de personnes vivent encore dans l’obscurité, en mettant en œuvre des solutions innovantes et des partenariats stratégiques.
Ce sommet réunira plus de 1 500 participants, incluant des chefs d’État et de gouvernement, des acteurs du secteur privé, ainsi que des représentants d’organisations internationales. L’objectif est clair : identifier les actions concrètes pour transformer le secteur de l’énergie et assurer un accès universel à une énergie abordable, fiable et durable d’ici la fin de la décennie.
Mission 300 : Une urgence à combler la fracture énergétique
La Mission 300 répond à une situation d’urgence. En Afrique, une grande partie de la population vit dans l’obscurité la plus totale, avec des répercussions considérables sur le développement socio-économique.
« Aucune économie ne peut croître, s’industrialiser ou être compétitive dans l’obscurité. Ce partenariat change la donne pour le développement de l’Afrique » a souligné Akinwumi Adesina, président du Groupe de la Banque africaine de développement. Il est indéniable que l’accès à l’électricité est un catalyseur essentiel pour la croissance économique et le développement industriel. C’est en ce sens que la Mission 300 se distingue par sa portée transformative.
Le sommet de Dar es Salam sera l’occasion de poser les bases de cette révolution énergétique. L’une des premières étapes majeures de la Mission 300 consistera en la signature de la Déclaration de Dar es Salam, un document engageant les gouvernements africains à réformer leurs secteurs énergétiques. En parallèle, des Pactes nationaux pour l’énergie seront élaborés, définissant les actions spécifiques à chaque pays pour accélérer l’électrification.
Des initiatives concrètes pour un accès universel à l’électricité

L’initiative M300 se distingue par son approche pragmatique et collaborative. Parmi les 12 pays qui feront part de leurs pactes nationaux pour l’énergie lors du sommet figurent le Tchad, la Côte d’Ivoire, la République démocratique du Congo, le Libéria, Madagascar, le Malawi, la Mauritanie, le Niger, le Nigéria, le Sénégal, la Tanzanie et la Zambie. Ces pays représentent plus de la moitié de la population mondiale privée d’électricité et une proportion importante de ceux qui n’ont pas accès à des solutions de cuisson propre.
Lors du sommet, des projets de grande envergure, tels que l’initiative Desert to Power (D2P), seront mis en avant. Ce projet ambitieux vise à transformer la région du Sahel, riche en soleil, en une centrale électrique solaire couvrant 11 pays et raccordant 250 millions de personnes à l’électricité. Le projet a déjà connu des succès notables, notamment grâce à un prêt de 302,9 millions de dollars destiné à la création d’une centrale solaire en Mauritanie, qui bénéficiera à 100 000 foyers.
Ajay Banga, président de la Banque mondiale, a souligné l’importance de l’engagement de tous les acteurs pour mener à bien cette transformation : « Nous avons besoin de l’action des gouvernements, du financement des banques multilatérales de développement et des investissements du secteur privé. » Le secteur privé, en particulier, jouera un rôle crucial dans le financement des infrastructures nécessaires.
L’importance du financement et de la coopération internationale
Le financement de cette révolution énergétique ne repose pas uniquement sur les institutions de financement du développement. L’Alliance mondiale pour l’énergie au service des populations et la planète, ainsi que la Fondation Rockefeller, ont d’ores et déjà mobilisé des ressources pour aider à la mise en œuvre de projets d’électricité dans des zones aussi diverses que les villes animées du Nigéria ou les villages reculés de Madagascar.
Le Groupe de la Banque africaine de développement, en tant que principal acteur du financement du développement en Afrique, apportera son expertise et son expérience pour faire avancer cette mission. Avec un portefeuille énergétique de grande envergure, la BAD prévoit de raccorder 43 millions de personnes à l’électricité dans la phase initiale de la Mission 300, un chiffre qui devrait atteindre 50 millions à la fin de la décennie.
Au-delà des chiffres, la Mission 300 représente une véritable opportunité de transformation pour le continent. Les engagements pris lors du sommet de Dar es Salam seront essentiels pour garantir que chaque pays prenne les mesures nécessaires pour réformer son secteur énergétique. Ces réformes sont cruciales non seulement pour l’électrification, mais aussi pour la promotion de solutions énergétiques durables et respectueuses de l’environnement.