Au Togo, un comité de réflexion est mis sur pied pour élaborer une stratégie globale de lutte contre l’usage de drogues et de substances psychoactives chez les jeunes au Togo. Après trois mois de travail acharné, ce comité a formulé plusieurs recommandations, dont certaines nécessiteront une mise en œuvre immédiate dès la prochaine rentrée scolaire.
La mise en place du comité en question est instruite par le chef de l’Etat togolais, Faure Gnassingbé. Ledit comité est composé de représentants de 11 ministères impliqués dans la lutte contre ce fléau.
Les résultats de leur rapport ont été présentés lors d’un atelier de restitution et de sensibilisation qui s’est tenu à Lomé, le jeudi dernier. Parmi les propositions d’action immédiate, une dizaine de mesures se dégagent.
Pour un futur sans drogue
Selon le Lieutenant-Colonel Kossi Amayi, président de ce comité, il est impératif d’interdire toute forme de publicité liée à l’alcool sur l’ensemble du territoire, de même que la publicité et l’usage de la chicha.
« Nous exhortons le gouvernement à renforcer la mise en application des mesures visant à empêcher l’ouverture de débits de boissons et d’établissements de production ou de préparation d’alcool à proximité des écoles, ainsi que les clôtures des universités togolaises. De plus, la publicité concernant le « binge drinking » sur les réseaux sociaux devrait être éliminée. Il est tout aussi crucial d’accélérer les opérations de clôture des écoles dans les quartiers à haut risque », a-t-il ajouté.
Mobilisation de la Police Nationale
Pour garantir la réalisation de ces mesures et obtenir des résultats concrets, il est envisagé de mobiliser la Police Nationale pour renforcer la sécurité autour des établissements scolaires, afin de dissuader les trafiquants.
De plus, il est prévu de promouvoir des stages bénévoles à partir des prochaines vacances, en encourageant les entreprises publiques et privées à offrir des opportunités de stage aux jeunes souvent inactifs pendant cette période de l’année où ils sont à la maison.
Implication des parties prenantes
Arime Anala, directeur de la jeunesse et de l’emploi des jeunes, a souligné l’importance d’une approche globale en impliquant l’ensemble des acteurs du milieu scolaire, notamment les enseignants, les surveillants, le personnel administratif, les parents d’élèves, les élèves, le personnel de l’infirmerie, les revendeurs de nourriture et le personnel des cantines.
« Ils collaboreront pour renforcer la discipline dans les écoles. Une enquête nationale rapide ou une étude sur les ménages sera menée pour collecter des données fiables qui orienteront la stratégie et les choix d’interventions appropriés », a rappelé M. Anala.
L’objectif de ces décisions gouvernementales est de créer un environnement sain pour la croissance des enfants, réduire les risques de consommation abusive de substances à l’avenir, et les prémunir contre l’addiction, le crime organisé, l’extrémisme violent et le terrorisme.
Substances les plus consommées
Il est important de rappeler que l’alcool et le cannabis sont les substances les plus couramment consommées par la jeunesse togolaise. Les données hospitalières indiquent une augmentation de 26 % des nouveaux cas de jeunes admis en traitement en 2022 pour des problèmes liés à la consommation de substances.
Les données épidémiologiques du projet de recherche « West African Epidemiological Network Drug Use (WENDU) » sur l’usage de drogues dans la CEDEAO révèlent que la majorité des personnes en traitement (67 %) au Togo sont âgées de 20 à 39 ans, dont 17 % sont des étudiants.
On observe également un début précoce de la consommation de substances, souvent dès l’âge de 8 à 10 ans, influencé par des facteurs de risque et de vulnérabilité tels que l’environnement familial, scolaire et communautaire.