Le groupe Bolloré se trouve à nouveau sous le coup d’une plainte déposée par un collectif d’ONG africaines pour des accusations de recel et de blanchiment d’actifs. Cette plainte cible à la fois, le groupe français, et ses dirigeants, Vincent Bolloré et son fils Cyrille. Elle concerne les activités du groupe dans le secteur portuaire en Afrique de l’Ouest jusqu’en 2022, date de la vente de Bolloré Africa Logistics au groupe suisse MSC.
Trois ans après cette transaction, les affaires de transport et de logistique du milliardaire français sont à nouveau scrutées. Le 19 mars 2025, l’AFP a rapporté qu’un collectif, Restitution pour l’Afrique (RAF), composé d’ONG basées au Togo, en Guinée, au Ghana, en Côte d’Ivoire et au Cameroun, a déposé cette plainte. Le groupe est également soutenu par un consortium d’avocats internationaux.
Les accusations portent principalement sur le recel présumé dans des pays comme le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Ghana, ainsi que sur des actes de blanchiment d’argent liés aux activités de Bolloré en Guinée et au Togo. Les plaignants pointent des pratiques comme le financement de campagnes électorales ou l’attribution de contrats sans appels d’offres, qu’ils considèrent comme des preuves d’un système de corruption systémique au sein du groupe.
Bolloré Africa Logistics à son apogée
À son apogée, Bolloré Africa Logistics gérait un réseau de 16 concessions portuaires, ainsi que des infrastructures de stockage et de transport dans plus de 20 pays africains. Cette plainte met en lumière des concessions obtenues, selon les plaignants, de manière frauduleuse.
Une partie importante des accusations porte sur le blanchiment des profits issus de ces activités. Ces profits ont été générés par des concessions qui ont été cédées en 2022 pour 5,7 milliards d’euros. Selon l’avocat parisien Antoine Vey, cette plainte vise directement les corrupteurs, ceux par lesquels l’argent sale aurait été injecté dans les pays concernés.
Jean-Jacques Lumumba, à la tête de l’ONG RAF, a exprimé l’objectif principal de la plainte : récupérer les fonds mal acquis et les restituer aux peuples africains. Il insiste sur le fait que cet argent aurait dû être utilisé pour financer des projets essentiels comme des infrastructures, des écoles et des hôpitaux.
Il considère cette action comme un acte de justice à l’échelle panafricaine, pour réparer les torts faits aux populations locales.
Les organisations impliquées dans cette plainte comptent également sur la loi française de 2021, qui permet l’utilisation des avoirs récupérés dans des affaires de « biens mal acquis » pour financer des projets de développement dans les pays concernés.
Cette nouvelle plainte intervient après une précédente procédure judiciaire ouverte en 2013, où le groupe Bolloré avait réglé une affaire de corruption en versant une amende de 12 millions d’euros, ce qui avait permis d’abandonner les poursuites.
Toutefois, en 2024, le parquet financier a requis un procès pour corruption et complicité d’abus de confiance contre Vincent Bolloré.
Source: Jeune Afrique